Mesures de soutien aux opérateurs de collecte et de tri des textiles usagés

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Terre ASBL
Face à la crise du secteur de la collecte, du réemploi et du recyclage des textiles usagés, la Wallonie prend différentes mesures de soutien destinées à stabiliser le secteur, développer le réemploi local et régional, et préparer la transition vers une gestion durable de la filière.

L'entrée en vigueur, au 1er janvier 2025, de l'obligation de collecte sélective des textiles intervient dans un contexte de déséquilibre profond et de crise structurelle pour le secteur de la gestion des textiles usagés en Belgique. 

D'une part, l'essor de la mode rapide (fast fashion) a conduit à une augmentation importante des volumes de textiles mis sur le marché, mais d'une qualité souvent médiocre et difficile à réemployer localement. 

Parallèlement, la demande pour les vêtements de seconde main baisse, notamment sous l'effet de la concurrence des plateformes de revente en ligne et des prix bas du neuf. 

Cette situation réduit la quantité de textiles réemployables localement, obligeant à collecter davantage pour maintenir les résultats.

Des emplois menacés

Ce secteur, largement porté par l'économie sociale fait face à une saturation des débouchés et à une hausse continue des volumes à traiter. Entre 2023 et 2024, les 3 principaux opérateurs (asbl Terre, Oxfam et Les Petits Riens) ont constaté une augmentation moyenne de 10,75 % des volumes collectés. Cette tendance se poursuit en 2025, avec une progression de 6 % sur les 4 premiers mois de l'année.

Par ailleurs, les débouchés pour le recyclage restent très défavorables : les matières comme le coton sont valorisées à 0 €/tonne, les jeans à 20 €/tonne, et la laine affiche même un prix négatif. À cela s'ajoutent des coûts logistiques importants, notamment pour le transport. Résultat : les opérateurs sont contraints d'agir à perte. 

Cette crise met en danger plus de 500 emplois dans le secteur social et menace la pérennité des dispositifs de collecte. Certaines ressourceries refusent déjà des dons faute de capacité de stockage, et des acteurs doivent trouver d'urgence de nouveaux espaces.

Mesures prises au niveau régional

La Commission européenne a reconnu l'ampleur du problème et appelle les États membres à mettre en place des mécanismes de soutien concrets. Pour ce faire, plusieurs axes de travail liés au textile ont été décidés en Gouvernement wallon dans une stratégie globale de soutien au secteur. En effet, si ce dernier ne peut plus prendre en charge la collecte des textiles usagés, les intercommunales de gestion des déchets devraient prendre le relais – un coût estimé à 7,2 millions €.

Concrètement, voici les mesures qui doivent permettre de soutenir le secteur

  • Une subvention exceptionnelle de 250 000 € octroyée à l'asbl Terre pour lui permettre de renforcer ses capacités de stockage durant un an ; il est à noter que l'asbl reprend également les invendus d'OXFAM, des Petits Riens et d'autres entreprises d'économie sociale en vue de les envoyer respectivement vers le recyclage ou le réemploi non local.
  • Une compensation annuelle de 151 € par tonne triée, en complément du soutien existant de 400 € à la tonne réemployée.
  • L'exonération de la taxe sur l'incinération des déchets textiles ultimes issus de la collecte sélective opérée par les entreprises de l'économie sociale actives dans la seconde main.
  • La mise en œuvre progressive d'un régime de Responsabilité Élargie du Producteur (REP) textile, attendu courant 2028.
  • Une campagne de communication pour encourager les bons gestes de tri, ce qui limitera la présence de textiles souillés non valorisables dans la collecte.

Pour en savoir plus sur la thématique de la gestion de la fin de vie des textiles, visionnez le webinaire organisé en juin 2025 par le Service public de Wallonie et Centexbel