
Face à la présence de PFAS dans l’environnement et dans les organismes vivants, le Gouvernement wallon renforce son plan d'actions pour protéger la santé publique et préserver les ressources naturelles wallonnes.
Pour rappel, le Gouvernement wallon a adopté l'arrêté avançant à 2025 la norme PFAS fixée à 100 ng/l (0,10 μg/l) dans l'eau de distribution. Entrée en vigueur le 20 février dernier, cette norme couvre une liste de 20 PFAS ou « PFAS-20 », en référence aux 20 molécules perfluorées qui la composent.
Selon la Directive européenne de 2020, cadre réglementaire européen en matière d'eau potable, cette norme devait entrer en vigueur au 1er janvier 2026. Cette anticipation est rendue possible grâce à la coopération avec l'ensemble des producteurs et distributeurs d'eau potable wallons.
À ce jour, et depuis novembre 2023, plus aucun dépassement de cette norme n'est constaté dans les eaux de distribution en Wallonie, grâce à un monitoring étendu sur l'ensemble des ressources en eau potable.
Parallèlement, le plan d'actions régional est renforcé par une série de mesures.
Biomonitoring PFAS dans les zones de Chièvres, Ronquières et Nandrin
Plusieurs milliers de citoyens ont participé aux biomonitorings réalisés sur base volontaire dans les zones d'investigation prioritaires (ZIP). Les résultats confirment une surimprégnation préoccupante chez une partie des habitants. Ces données alimentent les recommandations du Conseil Scientifique Indépendant (CSI) et vont permettre d'orienter la prise en charge médicale. Les médecins généralistes sont mobilisés pour assurer un suivi individuel, tandis qu'une ligne d'écoute psychosociale, gérée par l'AVIQ, reste disponible.
Par ailleurs, le CSI rappelle qu'il est recommandé de ne pas consommer les œufs domestiques produits dans ces ZIP. À ce jour, les œufs n'ont pas encore été analysés dans ces zones par l'ISSeP. Dès lors, tant qu'il n'y pas d'analyses et de résultats, la recommandation de ne pas consommer l'autoproduction animale et/ou végétale est maintenue.
Dépistage sanguin dans les zones les plus touchées
Parallèlement aux biomonitorings collectifs, une campagne de dépistage sanguin ciblé sera proposée dans les communes les plus concernées par une exposition via l'eau de distribution. Ce dispositif permettra aux citoyens n'ayant pas encore été testés de connaître leur niveau d'imprégnation aux PFAS. L'objectif est d'informer, rassurer et orienter vers un accompagnement médical si nécessaire.
Surveillance environnementale à grande échelle
Le monitoring des PFAS s'intensifie et concerne désormais les eaux de distribution, eaux brutes, nappes souterraines, sols, boues de stations d'épuration et eaux de surface, avec des protocoles renforcés. Les zones d'investigation prioritaires (ZIP) ont permis de cibler les efforts, notamment à Chièvres, Feluy-Ecaussinnes, Nimy-Obourg et Nandrin. Des campagnes complémentaires sont menées autour de zones sensibles comme les aéroports.
Suivi spécifique pour le TFA
Les TFA (acide trifluoroacétique), ce sous-groupe de PFAS encore peu documenté mais omniprésent dans l'environnement, va faire l'objet d'un suivi particulier. À l'heure actuelle, la probabilité que le TFA soit toxique est considérée comme très faible. Une valeur guide (seuil de vigilance) a été définie à 2,2 µg/l dans l'eau de distribution et un monitoring est en cours pour mieux cerner sa diffusion. En savoir plus
Tendre vers le zéro PFAS dans l'eau distribuée
Pour aller plus loin que la norme PFAS-20 des 100 ng/l (0,10 μg/l), les distributeurs sont invités à tendre vers un objectif de 4 ng/l pour les 4 PFAS les plus préoccupants (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS), d'ici 2028, tandis qu'un seuil de vigilance est fixé à 30 ng/l. Dans ce cadre, 50 millions € seront affectés aux distributeurs d'eau via le Fonds pour la protection de l'environnement.
Protection des sols et des captages d'eau
Une étude inédite a été initiée sur les niveaux de fond en PFAS dans les sols agricoles, forestiers et naturels afin de mieux comprendre l'état de dispersion de ces molécules dans notre environnement. Des mesures temporaires ont été prises pour limiter l'épandage de boues issues de stations d'épuration urbaines. Une vigilance particulière est portée sur les zones de captage d'eau potable, afin de prévenir toute pollution diffuse et de sécuriser durablement les ressources. Le Gouvernement limite les doses d'épandage à 6 au lieu de 12 t de matière sèche par ha sur une période de 3 ans et des valeurs cibles pour les PFAS ont été introduites :
- 40 µg/kg de matière sèche (MS) pour 6 PFAS prioritaires (PFOS, PFOA, PFNA, PFHxS, PFDA, PFHxA) ;
- 400 µg/kg MS pour la somme de 22 PFAS.
Convention avec l'industrie
Une approche conjointe avec l'industrie : une convention de collaboration a été signée avec le secteur industriel (via AKT) pour caractériser les rejets et identifier les bonnes pratiques de réduction des PFAS à la source. Cette démarche volontaire pour le secteur industriel repose sur la transparence, la co-construction et l'innovation.
Autres mesures
- Un biomonitoring spécifique des agriculteurs est en cours. Il permettra d'évaluer leur exposition professionnelle, dans le cadre du Plan wallon de réduction des pesticides, et de mieux cibler les mesures de prévention.
- Des échanges ont été relancés avec le Gouvernement fédéral afin de mieux encadrer l'usage de produits phytopharmaceutiques susceptibles de contenir ou de générer des PFAS.
- Le rapport du CSI, attendu pour juin 2025, viendra poser un cadre de référence sur les normes environnementales à adopter et les effets sanitaires à surveiller. Ce travail scientifique servira de socle pour affiner les politiques publiques.
- Le Gouvernement wallon soutient également les travaux confiés au KCE (Centre fédéral d'expertise des soins de santé) pour élaborer des recommandations concrètes à destination des professionnels de santé. L'objectif : permettre aux médecins d'accompagner au mieux les personnes surexposées.
Vous souhaitez obtenir plus d'information sur les PFAS ?
- Concernant le monitoring de l'eau de distribution, la SWDE met à disposition les rapports d'analyse de la qualité de l'eau des zones de distribution qu'elle gère. Ces rapports sont disponibles en téléchargement via l'outil « Qualité de mon eau ». En savoir plus sur les contrôles de la SWDE
- Les résultats d'analyse des PFAS de la CILE, l'INASEP, l'in BW et l'AIEC sont également consultables en ligne. Si vous dépendez d'une autre société de distribution d'eau, nous vous invitons à consulter le site de votre société.
- Les informations relatives aux biomonitorings PFAS sont disponible sur le site de l'ISSeP.
- Le Portail Environnement Santé reprend les informations générales sur les PFAS, les conseils pour limiter son exposition au quotidien ainsi qu'une FAQ sur la situation en Wallonie.
- Vous pouvez également consulter le tableau du Conseil Supérieur de la Santé reprenant les recommandations visant à réduire l'exposition aux dangers liés au perturbateurs endocriniens
À consulter également :
Encore des questions ?
Les questions spécifiques sur la problématique des PFAS en Wallonie peuvent être adressées à pfas@spw.wallonie.be